En solo dans les cailloux. Lundi 10, une formation se termine plus tôt que prévu... C'est le signe du départ pour cinq nuits en solitaire sur un lac de 170 ha.
Dès le matin, un pneu crevé a failli retarder mon départ mais fort heureusement, les réparations ont pu s'effectuer dans la matinée.
Après quelques heures de route, j'arrive aux abords de la mise à l'eau.
Cette dernière est bardée de panneaux "sens interdit".
Ne voulant pas faire de vagues, j'avise un petit chemin qui descend vers le lac.
Je vais en repérage ; en reculant, ça devrait passer pour descendre, ça devrait passer pour remonter.
J'entame la manœuvre, décharge le matériel, remonte dans la voiture et me rends à l'évidence :
"Ça passait, c'était beau..."
Je ne remercierai jamais assez le couple de promeneurs qui m'ont aidé à remonter le kangoo, pendant de longues minutes.
Une fois la tuture en lieu sûr, j'attaque le gonflage et chargement du pneu, avant de partir à l'aventure sur le lac.
Une chose est sûre, le lac est magnifique. Il y a 15 jours son marnage était à -5 m, il est maintenant au taquet. Il y a des falaises partout, qui alternent avec des murs végétaux et des pierriers... Un vrai paradis où les portables captent, parfois...
L'eau est à 15°, puis passe à 16° à mesure que je remonte le bras. D'un coup, elle passe à 17° sur un secteur avant de refroidir.
C'est décidé, j'attaque la session sur cette première portion du lac.
Les cannes sont tendues après un repérage rapide. La soirée approche et j'essaie de tout tendre avant que l'obscurité soit là.
Autant j'étais arrivé en avance sur les berges, autant l'épisode kangoo m'a permis de prendre pas mal de retard dans mes objectifs...
Dans la nuit, je suis réveillé par des flash. C'est un orage qui approche au loin. Une fois ce dernier au dessus, je fais un peu moins le malin sous mon parapluie. Il ne s'arrêtera plus de pleuvoir de la nuit, ni de la matinée d'ailleurs.
L'eau du lac se teint façon café au lait, des troncs commencent à dériver, que du bonheur...
Mais vers 8 heures, une canne s'emballe enfin. Elle pêchait une tache de terre au milieu d'un éboulis rocheux, en méga bordure sur la berge opposée.
S'en suit un combat en milieu des troncs flottants, j'épuise enfin mon premier poisson sur le lac !
WAZAAAAAAAAAAAAAAAAAA ! ça résume grosso modo mon humeur à me moment, je me retrouve en caleçon à danser sur la berge, conscient que le ridicule de la situation ne dérangera que moi, 'tain que c'est bon ces sessions en solo !
Une fois le poisson sur le tapis, je constate qu'en plus de ça, elle a un petit côté esthétique qui pique un peu les yeux...
Je relâche la belle après quelques clichés (de toutes façons elle loge pas dans la poêle...
)
Le principal souci de la session arrivera quelques heures plus tard.
Le vent passe de sud à nord, et l'eau passe dans la journée de 17 ° à 12 ° et la pluie se renforce... Les Saints de Glace ne dérogent pas à la règle, les fumiers...
Je pousse une seconde nuit sur le poste, car deux sauts m'encouragent à rester mais le matin le constat est sans appel : bulle...
Je décide alors de bouger ; l'eau est maintenant à 11°, l'air dépasse péniblement les 8°, je veux voir si il y a plus chaud ailleurs, à l'abri du vent si possible.
Je commence donc par me faire une petite promenade à la rame pour rechercher des zones intéressantes mais, plus je remonte le bras, plus l'eau se refroidit... et je commence à croiser des pêcheurs de carnassier sur des barques. Visiblement c'est pas la fête du slip pour eux non plus. Trop de monde, je redescends, charge le matos et redescends progressivement vers l'aval du bras.
Arrivé à la sortie d'un étranglement, l'écho m'annonce une eau à 12°, et toujours ce bon vieux gros vent de nord pourri.
Ce petit degré me redonne confiance, je trouve un poste pas trop pentu pour poser le campement et qui me permet d'exploiter une zone assez ouverte.
Il y a de la falaise, de la bordure et un peu d'activité de blanc. Je prends le temps de tendre les lignes, cherchant des spots à ras les falaises et dans mes bottes.
Au final, je me touche pendant deux nuits, deux bancs de poissons passent la première nuit, sautant dans 25m d'eau, mais ne venant pas sur les bordures. Ces passages me feront faire l'erreur d'insister une nuit de plus pour essayer de tirer un poisson du coin, erreur que je paierai donc d'une bonne nuit de sommeil, hélas.
Depuis jeudi, le lac s'est peuplé de batteries qui fleurissent à gauche, à droite...
Vendredi matin, je commence à me demander ce que je fous là, le nez au vent à compter les gouttes tomber sur mon abri. L'envie de rentrer commence à me tarauder, d'autant plus qu'en entamant une de mes tablettes de chocolat traditionnelles, je remarque un détail gênant :
Je commence à replier le matos, l'oreille basse, et pas qu'elle d'ailleurs...
Et puis d'un coup je me dis que si je lâche maintenant, ça ne sert à rien d'être venu. En gros, je me bouge le cul, je charge le zod et repars chercher un coin pour passer la dernière nuit.
Mais sur le chemin, je prends très vite conscience que le weekend prolongé a en effet ameuté du peuple sur les bords du lac. Je pense en particulier à une équipe qui pêchait sans back lead, cannes hautes, alors que les thermiques tournaient sur le lac...
Du monde, pas de poissons, je commence à avoir quand même un peu les boules...
Mais bon, ça n'arrange pas mes affaires, le bras est blindé, direction l'autre bras du lac.
D'un coup il y a beaucoup moins de monde, et je tombe sur un poste qui sent le poisson, et qui est en partie à l'abri du vent.
une arrivée d'eau, des bordures alléchantes bref, un petit coin sympa où se poser.
Comme les trois quarts des postes pêchés et pêchables sur ce lac, il a été nivelé et terrassé, ce qui permet de poser quelques affaires car, pour vraiment exploiter les endroits qui me bottent, je dois me décaler sur un petit éperon rocheux...
Un poste à chamois, j'adore...
L'eau est toujours à 11°, un pêcheur qui est posté en amont (poste de la chouette visiblement) vient papoter avec moi ; pour eux non plus ce n'est folichon, rien de touché. En début de soirée, je les verrai remonter en amont sur le lac, et me retrouve de nouveau tout seul, peinard quoi.
Le lac baisse rapidement, depuis la veille il a perdu au moins 50cm d'eau et il poursuit sa descente.
Vers 20 heures, il commence à y avoir de l'activité sur le poste, et je vois un bon petit marsouinage juste au dessus d'un de mes spots. Pour une fois qu'il y a de l'activité autre part que dans 20m de bouillon, ça donnerait presque confiance...
Puis d'un coup, le cassant lâche, le fil se détend. Je suis sur la canne, ferre, c'est au bout.
Et là je vois mon back lead entouré autour de ma tresse.
RHHHHHAAAAAAAAAAAAAA non ! Si je loupe ce poisson à cause de ce foutu back lead, j'en fais de la chevrotine !
Trois nuits à ne rien voir et je risque de louper le poisson à cause de cette espèce de tresse! Il est beau le système d'ouverture rapide tiens !
Ni une ni deux, je coupe le cordon du back lead, saute dans le pneu et commence les hostilités dans 18m d'eau.
Un bon petit combat s'en suit, au fond ça ne veut rien lâcher, et moi je prends mon pied !
J'épuise une commune entre 8 et 10, bien gonflée par l'avant fraie. ENFIN un autre poisson !
Inutile de dire que je suis légèrement satisfait de sortir de ces foutus saints de glace, les conditions météo s'améliorent et les poissons semblent redevenir mordeurs.
Je me couche le sourire aux lèvres et suis réveillé vers deux heures et demie par un second run sur le même spot.
J'exploite le pied d'un arbre où une petite plateforme de terre me permet de poser mon cassant.
Je suis de nouveau sur l'eau pour un bon combat et j'épuise une seconde commune un peu plus grosse que la précédente.
Elle finira au sac pour une photo le lendemain.
Le reste de la nuit se passera sans autre départs.
Au matin, un pêcheur de carnass sympa me proposera de prendre la photo du poisson en échange d'un café...
Il repart, je replie, pour moi la session touche à sa fin.
En résumé, il ne faut jamais lâcher l'affaire et y croire jusqu'au bout, sinon c'est la déroute assurée.
Je n'ai pas eu de chance niveau météo, c'est le jeu, les congés étaient posés longtemps à l'avance.
Il me manque encore de l'expérience sur ce genre d'eaux, pour décider quand bouger et où.
Une session aussi longue tout seul est une expérience que je referai, car c'est dans ces moments là qu'on voit de quoi on est capable, on ne doit compter que sur soi même et c'est un excellent apprentissage de la pêche. Mais une session à deux reste quand même le top pour allier pêche autonome et s'assurer d'un minimum de sécurité (j'ai failli me ruiner une épaule en tombant sur les rochers, j'aurais été mal si ça avait été le cas).
@ plus !
Et ça, c'est pour les brèmes...