Le syndrome des lessiveuses. Bonjour à tous,
Dimanche 6, il est à peine 7 heures, je suis réveillé depuis déjà pas mal de temps à tourner dans les draps.
La raison ? Les prémices d'une session d'une semaine qui se profile à l'horizon.
Je ne remercierai jamais assez ma douce pour sa compréhension, me laissant m'envoler 24 heures plus tôt que prévu vers cette addiction qui me suit maintenant depuis plus de 10 ans.
Le plein fait, j'avale les kilomètres qui me séparent de ma destination, quelques 5 heures de route plus loin au sud. Les mange-points sont de sortie, la météo clémente.
Je pars en direction d'un bief sur lequel j'ai une petite revanche à prendre et dont j'ai récupéré quelques infos récemment.
Le but, pêcher deux nuits tranquille dans l'optique d'espérer toucher un poisson (pourquoi pas une belle grosse brème, soyons fous...
) en attendant l'arrivée de mon pote Laurent. Nous ferons la troisième nuit sur ce bief avant de bouger vers d'autres eaux si possible.
Arrivé sur place, je constate que le niveau est convenable.
Armé de ma série bleue et des documents glanés ça et là, j'entame le tour du bief afin d'essayer de localiser des zones intéressantes, voire des poissons en maraude. Il est midi, il y a peu de vent et le temps ensoleillé devrait me permettre de me faire une idée du coin.
Après quelques minutes de marche, j'aborde l'embouchure d'un cours d'eau intermittent que j'avais repéré sur ma carte. Là, c'est le choc.
Le ruisseau est à sec, mais ce qui semble être le dépôt d'alluvions accumulé au fil des ans est retourné. Une quinzaine de grouinages d'un bon mètre carré chacun sont là, dans très peu d'eau et en aval d'une belle zone herbeuse.
Les coupables ne sont pas loin, elles se dorent la pilule au soleil entre deux eaux quelques dizaines de mètres plus en amont.
Des poissons moyens pour la quasi totalité, la plus grosse devant tourner autour de la douzaine.
Je continue ma promenade afin de voir si je trouve d'autres zones intéressantes.
Quelques heures plus tard le constat est simple : il n'y a que là que j'aie vraiment vu des traces d'activité et les poissons sont toujours entre deux eaux...
C'est décidé, j'attaque ma session sur ce secteur.
Je m'installe en aval afin d'éviter les nuisances sonores.
Une fois le pneu à l'eau, je repère un peu mieux la zone, en éparpillant sur des deux berges des bouillettes et des tiger, sur une bonne centaine de mètres à chaque fois, afin de les poissons s'alimentent et cherchent les appâts un peu partout.
Le secteur est peu profond, un grand plateau herbeux tapissé de coquilles de corbicules s'étend sur plus de la moitié de la rivière, avant de plonger un peu plus profond.
Je tends une canne en amont, au coeur des herbiers, deux en face au tangon tandis que la quatrième sera déposée plus en aval sans amorçage.
Les bouchées sont conséquentes, afin de tenter de dissuader les indésirables qui pullulent dans le coin.
Une fois le tout en action, j'entame l'installation de mon campement.
Depuis l'amorçage, les poissons ont disparu. Le temps a commencé à devenir nuageux.
Ça pêche...
Il est 21 heures, je glande tranquillement avant d'entamer mon repas quand la canne en amont se cintre. En quelques bips, je suis dessus.
Le temps d'embarquer, le poisson me prend du fil malgré le frein serré. Elles ont vraiment la patate !
Je remonte vers le poisson qui s'est calé dans les herbes. Il se dégage facilement et passe en surface près du pneu.
"Une petite commune de 6 - 8" me dis-je alors.
Mais la petite commune décide alors de descendre vers l'aval et, tout en me prenant du fil, entraine le bateau sereinement sur quelques dizaines de mètres...
Elle claque en surface, je modifie mon estimation "elle doit faire la douzaine"...
Elle entre dans le filet du premier coup et, au moment de la hisser, je réalise qu'en fait, elle n'est pas si petite que ça.
Une fois sur le tapis c'en devient même une évidence : soit j'ai sous estimé le poids des poissons vus en surface, soit j'ai vraiment une veine de pendu.
Je tare le peson, et pèse le poisson en maintenant le peson avec le V du manche d'épuisette.
Visiblement, mon record de commune vient d'en prendre un coup, je frôle une barre symbolique de peu mais je m'en fiche complètement.
Je suis heureux comme un gosse le matin de Noël.
Je prends les photos en solo avant de relâcher la guerrière, non sans lui demander de vanter les mérites du confort de mon tapis de réception à ses copines...
Quelques sms filent sur les ondes, j'en oublie de dîner et me couche avec un sourire jusqu'aux oreilles.
Je ne toucherai rien de la nuit mais entendrai un festival de sauts, dont un particulièrement lourd qui me réveillera en sursaut tant il était proche !
Le lendemain, le temps tourne à la canicule. J'ai la visite d'un confrère ; il vient de se manger trois nuits capot plus en aval.
On se taille le bout de gras pendant quelques heures autour d'une petite bière, on s'échange quelques infos sur des biefs. Bon esprit, bonne ambiance, un mec bien cool quoi.
Jean-François si un jour tu lis ces lignes, il faudra qu'on se revoie sur ces berges.
Le reste de la journée est consacrée à un peu de repérage, je replace mes lignes soigneusement en fin d'après midi.
Laurent doit arriver le lendemain dans l'après midi
Seul détail gênant, sur la berge opposée, blindée d'écrevisses, les billes de 30 ont du mal à faire la nuit...
Une fois les lignes tendues, j'entame enfin un vrai repas digne de ce nom.
Le soleil fait progressivement place aux ombres et aux bruits de la nuit, rythmés par les cloches d'une église au loin.
Je m'endors, il fait frais, je suis à des lieues de tout souci, serein, je fais le vide.
Il est 4 heures, je suis réveillé par un flash.
Un orage approche au loin.
Connaissant l'ampleur de ces phénomènes dans le coin, je me lève pour installer en hâte ma surtoile sur mon abri.
Mais d'un coup, "Ploc !" C'est quoi ce bruit de plastique ?
Je jette un coup d'œil sur mes cannes au tangon, rien n'a bougé...
Pas réveillé pour un sesterce, je commence à installer ma surtoile, tout en pensant à ce bruit de plastique...
Puis je me décide - enfin un peu plus réveillé - à jeter un coup d'œil sur ma canne en amont.
Je la vois, toujours là mais elle n'est plus sur le détecteur, ne tenant que par le support arrière...
N'y croyant pas, mais alors pas du tout, je ferre, et commence à ramener ce qui me fait penser à un tas d'herbe...
Le truc, c'est qu'au niveau de la berge, le sac d'herbe met un coup de tête, j'imagine déjà la brémasse pendue au bout de l'hameçon...
J'allume ma frontale et là, la commune pendue au bout est aussi surprise que moi, me gratifiant d'un bon rush.
Le combat ne s'éternise pas pour autant, j'avais le frein serré à bloc (pas réveillé je vous dis...) et épuise de force le poisson.
Un flanc écaillé remplit mon filet, pas de chat noir à l'horizon, qu'est-ce qu'il me prépare ce cochon ?
Une jolie commune git sur mon tapis, elle finit au sac pour quelques heures en attendant le lever du jour.
Une fois les au revoir effectués par une petite dans en bordure avec la belle, je lui rends sa liberté et elle replonge vers les profondeurs.
Une journée se passe tranquillement, Laurent arrive, une nouvelle rencontre du virtuel vers le réel.
Le courant passe bien, les 5 prochaines nuits promettent d'êtres sympas.
On prend le pneu pour repérer un peu une zone qui pourrait l'accueillir pour la nuit.
Une fois qu'il a trouvé son bonheur, il tend ses cannes, et nous rejoignons tous deux nos bed respectifs sous une pluie qui s'accentue au fil des heures.
La nuit est très pluvieuse, je ne touche rien sauf un barbeau. Le lendemain, Laurent a fait sa guerrière et explosé son record commune.
Il flotte, nous souhaitons changer de secteur. À la première accalmie, nous chargeons les voitures. Nous faisons une pause dans un village pour prendre un café et casser la croûte tout en choisissant le prochain bief qui nous accueillera.
On en choisit un bien long, dont j'ai eu quelques échos plus que prometteurs.
Nous nous y rendons et le longeons sur plusieurs kilomètres. Il est très sauvage, les spots se succèdent au fil des mètres.
Nous choisissons de mettre à l'eau un bateau pour remonter la rivière et choisir deux postes à pré amorcer et un autre que nous pêcherons la première nuit.
Nous trouvons notre bonheur, ils sont espacés de plusieurs centaines de mètres et nous permettent de pêcher les zones à deux, ce qui rendra ma fin de session et le début de son périple plus agréables.
La rivière commence à se teinter des pluies précédentes. Le courant augmente et en soirée, nous constatons que l'eau est passée de verte à café au lait...
Les tangons nous seront d'une grande utilité.
Nous amorçons les zones, la pluie s'invite à cette première nuit sur le poste.
La nuit sera stérile, le courant augmente encore.
Nous amorçons la zone avant de lever le camp, direction un poste amorcé qui nous parait le plus adapté pour pouvoir pêcher. L'autre est trop exposé au courant pour qu'il soit pêchable proprement.
Ce poste est situé dans un virage, avec un plateau sans trop de courant en bordure.
La bordure opposée est pleine d'obstacles et branches tombantes avec de belles trouées dans des amortis pour tendre des montages.
Un énorme orage nous tombe alors dessus.
Nous avons juste eu le temps de monter les abris que nous nous faisons littéralement rincer pendant plusieurs heures sous les éclairs et le grondement du tonnerre.
Nous pouvons enfin tendre nos lignes sous des trombes d'eau, mais le gros d l'orage s'éloigne.
La rivière commence à charrier des brindilles assez imposantes. Les lignes sont en sécurité, les bannières au dessus de l'eau.
Dans la nuit, une curieuse se saisit de mon montage sur la berge opposée. Un bon combat s'en suit mais elle traverse le courant sans encombres.
Laurent épuise alors une jolie commune, qui nous fait plaisir ; le coup n'a pas été amorcé pour rien.
Au lever du jour, Laurent ferre à son tour une petite commune en bordure, qui repartira à l'eau immédiatement.
C'est sous le soleil que nous ferons la séance photo de la sauvageonne.
Nous reprenons un gros orage dans les gencives dans l'après midi, qui détremper encore le campement.
Il se calme dans la soirée, nous permettant enfin de quitter les abris pour prendre un peu l'air.
Nous ne toucherons rien de la nuit et c'est le lendemain vers 8 heures qu'un de mes tangons lâche. Je ferre et me fais proprement exploser ma tête de ligne en 70 centièmes. Le fil est éraillé sur plusieurs mètres, ça a tu frotter, la casse a eu lieu quelques centimètres au dessus du bas de ligne.
Nous quittons le poste dans la journée pour aller sortir les voitures du chemin sur lequel elles sont garées. Les pluies des jours précédents nous inquiétaient un peu sur les risques d'embourbage.
Après avoir poussé un peu, nous arrivons à mettre les deux véhicules en lieu sûr.
Nous tendons nos cannes sur un amorti pour ce qui sera la dernière nuit pour moi.
Je toucherai ENFIN ma brème
, tandis que Laurent décrochera un poisson sous la canne.
Je partirai au petit matin, le laissant seul pour 5 nuits sur le bief. Le soleil est au beau fixe, l'eau est moins marron, la crue est terminée.
Mais les prochains jours laissent présager de nouvelles montées des eaux.
La route du retour sera longue mais j'ai eu le plaisir de rencontrer un passionné avec qui j'ai partagé des moments de joies, de galère et de rigolade.
Nous nous sommes posé la question de savoir ce qu'aurait été la session si cette crue n'était pas venue jouer les trouble fête. Nous n'aurons jamais la réponse.
Je remercie encore ma chère et tendre de me permettre de vivre ma passion et m'évader dans cet univers si longtemps.
Merci à Laurent d'avoir réussi à me supporter toute cette session... vivement la prochaine !
@ plus !